A Nicolas de Staël

Blanc, vertigineusement blanc, l’espace laissé sur son dernier tableau. Insensiblement, le fond se modifie, pour laisser place à un espace où quelques fragments de nuages atypiques conçus de la rencontre de vents inattendus préfigurent le gris à venir.
Ciel, mer, sable confondus se renvoient les uns aux autres ce vide. Obsessionnelle, la répétition de gris sans déclinaison à force d’imitation. Rigoureuse simplicité des formes figées sans le moindre tremblement et la flamme froide du vent sans soleil. Je me laisse porter dans la préhension de cette teinte, alors qu’un groupe de mouettes fend l’étendue.
Dans cet espace perce son cri aphone. À partir de ce dessaisissement, il trace ce sillon, explose en ordre, décompose l’élan et glisse du gris au blanc, ce signal bute sur la vitre de la fenêtre de son atelier où toutes les couleurs de la lumière vacillent.
Par cet espace, lui, pulvérisé enjambe la fenêtre, se précipite du haut des étages. C’est le silence encore qui tend cette pulsion, le projette dans le vide et dans ce silence, encore, l’égarement des périodes de gestation, les tensions aiguës, l’absence d’absence d’une lucidité tyrannique.

D’après sa toile, "Les Mouettes", peinte peu avant son suicide.